lundi 14 novembre 2011

Irrigation et salinité à Strathalbyn, sud de la rivière Murray



Après avoir quitté la ferme de Tobalong tomatoes, il était temps pour nous de commencer notre projet itinérant le long de la rivière Murray.
Ce jour-là (mercredi 19 octobre), nous avions rendez-vous avec Michael Cutting à Strathalbyn, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Murray Bridge.


Michael Cutting est un ingénieur du South Australian Murray Darling Basin Natural Ressource Management Board (agence gouvernementale) spécialisé dans les techniques d’irrigation. Ce fut l’occasion de le suivre sur le terrain pour prendre quelques échantillons d’eau en profondeur au niveau d’une parcelle de vigne qui a été gravement touchée par la sécheresse les années précédentes. Ce travail a pour but de suivre la qualité de l’eau d’irrigation ainsi que la hauteur de la nappe.
Echantillonnage de l’eau de la nappe à 3 profondeurs différentes
cette sonde suit en continu l'humidité du sol et la hauteur de la nappe

Zoom sur la parcelle de vigne 

Dans cette région, au sud de Murray Bridge et jusqu’à l’embouchure de la rivière, les problèmes de salinité concernent surtout l’eau d’irrigation. En effet, la plupart des exploitations utilisent l’eau de la rivière qui est plus concentrée en sels. Les années précédentes, très sèches, l’eau de certains cours d'eau pouvaient monter jusqu’à 3000 EC (rappel : 800 EC, l’eau n’est plus potable) ! La parcelle n’a donc pas été irriguée pendant 4 ans car l’eau d’irrigation était bien trop salée.


L’agriculteur utilise ce bras mort de rivière pour son eau d’irrigation. Remarquez les quelques Red Gum morts à cause de la salinité et les années de sécheresse.

D’où vient le sel ?

La nappe venant des parcelles irriguées, chargée en sel, peut se déverser jusque dans la Murray River. C’est par ailleurs contre ce phénomène que les autorités essayent de lutter tout au long de la rivière (un article vous expliquera ce problème en détail). Ainsi l’eau de la rivière devient de plus en plus salée d’amont en aval.
Augmentation de la salinité de l'eau de la rivière d'amont en aval 
(source : Murray Darling Basin Commission)

Ce problème concerne aussi largement la population d’Adélaide, puisque l’eau de la ville est pompée de Morgan et est véhiculée sur des centaines de km de pipelines. Le but est de ne pas dépasser le seuil fatidique des 800 µS.cm-1 (au-dessus duquel l’eau n’est plus potable, je le répète pour ceux qui n’ont pas suivi).

Quelles solutions mettre en place ?

L’objectif primordial au sein d’une parcelle est de favoriser le bon drainage d’eau en profondeur pour éviter la remontée de la nappe chargée en sel.
De plus, de nouvelles techniques d’irrigation permettent de minimiser toute infiltration d’eau jusque dans la nappe. Mais, chose étonnante : le conseil que donne régulièrement Michael Cutting aux agriculteurs de la région est d’irriguer en hiver, lorsque le sol est le plus humide. Cela permet, à condition que l’eau soit bien drainée en profondeur, de chasser tout excès de sel qui subsiste ponctuellement dans les sols jusque dans la rivière. 
Dans certaines conditions, un excès d’eau dans le sol peut être bénéfique ! Et c’est par le biais de cette méthode que les australiens réduisent petit à petit leurs problèmes de salinité.
« Mais cela doit justement augmenter la salinité de la rivière ? » me diriez-vous !
Mais en hiver, le débit de la rivière Murray est suffisant et sa concentration assez faible pour que cette infiltration volontaire d’eau salée soit bien diluée et ne pose pas de problème. 
Ce fut donc notre première rencontre sur le terrain ! D'autres vont suivre tout au long de la rivière. Prochaine étape: Murray Mouth!

2 commentaires:

  1. Salut à vous deux,

    Félicitation pour ce blog riche en informations ; c'est très intéressant. Continuez comme ça.

    Un grand bonjour de l'ensaia,

    Julien

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