samedi 10 décembre 2011

Salinité dans la région de Berri: mise en contexte


Un paysage contrasté : entre Mallee et Citrus

Dans cette région à la frontière de trois états (South Australia, New South Wales et Victoria), la végétation naturelle est adaptée à un climat plus aride. Les arbres caractéristiques de cette région sont les Mallee, à l’aspect bien différent des majestueux Red Gum toujours présent le long de la rivière.

Le sol sableux et rouge ne semble contenir que très peu d’éléments nutritifs. Et pourtant, cette région est aussi caractérisée par ses énormes exploitations viticoles et arboricoles, largement irriguées et intensives. On passe donc brutalement d’un paysage semi-aride à de larges parcelles de vignes ou de citrus lorsque l’on s’approche de la rivière ou des quelques villes peu peuplées.
La seule vue de ce contraste nous laisse comprendre pourquoi les problèmes de salinité sont si importants dans cette région, et quelle en est son origine.  Je me lance :
L’irrigation intensive de cultures non adaptées au sol et  à un climat semi-aride peut-être ?
Quoiqu’il en soit, ce secteur génère d’importants revenus et il a fallu trouver une solution efficace pour limiter le problème de salinité, quitte à débloquer des fonds colossaux. La principale préoccupation, outre le besoin de préserver un bon rendement agricole, est de minimiser l’écoulement de l’eau salée dans la rivière Murray. C’est pourquoi, le gouvernement et ses acteurs locaux ont mis en place un système complexe de drains, pompes et bassins pour évacuer et stocker les eaux de drainage fortement concentrées en sel.
Le décor est planté. Nous n’avons plus qu’à entrer dans les détails !

Les origines de la salinité 


L’irrigation mène à une augmentation du niveau de la nappe qui finit par se retrouver en surface au niveau des plaines inondables (schéma : Holland, 2010).
Depuis de nombreuses années, plus de 63000 ha d’horticulture et de vignes sont irrigués de façon intensive et presque continue autour de la rivière, du fait des faibles précipitations (300mm.an-1).  Comme je l’ai déjà mentionné dans les précédents articles, l’irrigation mène à une infiltration excessive d’eau jusque dans la nappe. Cette dernière va voir son niveau augmenter et peut se retrouver en surface en rupture de pente. De plus, l’eau souterraine a tendance à se déplacer vers la rivière et ses zones ripariennes. 

Il existe un flux régional de l’eau des nappes, particulièrement salé, vers la rivière Murray. Ceci explique en partie les problèmes de salinité de la rivière Murray et de ses « floodplains » (schéma : Jolly, 2009).
Dans la région, les nappes sont extrêmement salines. A Berri, elle est d’environ 25 000 µS.cm1 ! Ainsi toute remontée de nappe entraine de graves problèmes de salinisation. Pour compléter le tout, les zones de rupture de pente correspondent aux plaines inondables de la rivière Murray, regroupant un écosystème riche. Le sol y est fortement argileux, le sel va donc facilement s’y accumuler.

arbres morts dans le marais de Bookpurnong

Ainsi, l’irrigation intensive entraine de graves problèmes de salinité au niveau de zones particulièrement riches en biodiversité (« key ecological sites »). Et tout ce sel se retrouve dans la rivière, devenant problématique pour l’eau d’irrigation et la santé humaine en aval (lire l’article sur la salinité à Strathalbyn). Le problème est amplifié par la régulation du débit de la rivière, à cause des nombreux barrages. Les crues, permettant de chasser le sel accumulé au niveau des floodplains, sont devenues extrêmement rares. A cela s’ajoute le débit très faible de la rivière qui ne suffit pas à diluer le sel suffisamment.
La situation devint critique dans les années 80, lorsque la plupart des fermes voyaient leurs parcelles menacées par les problèmes de salinité. En 1990, on comptait 500 000 tonnes de sel déversés dans la rivière durant le mois de novembre !

Quantité de sel déversé dans la rivière dans la région de Berri en 2001. Les zones les plus problématiques sont au niveau du marais de Bookpurnong et de Loxton (schéma : Jolly, 2009).
Quelles furent les solutions mises en place ? Ont-elles vraiment été efficaces ? Quelle est la situation actuelle ? Autant de questions auxquelles je vais tenter de répondre à l’article suivant !

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